Activités du secrétariat

Crisis Group – Contenir l’insurrection jihadiste dans le Parc W en Afrique de l’Ouest

14 juin 2023

Les jihadistes sahéliens se sont implantés dans le Parc W, une vaste réserve naturelle transfrontalière partagée entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger, qu’ils utilisent comme base pour lancer leurs incursions dans la savane ouest-africaine. Leur présence dans le parc met à mal près d’un siècle d’efforts de protection du site, mais aussi les moyens de subsistance des populations locales en alimentant les conflits entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades pour la terre et l’eau. Elle risque également d’aggraver l’insécurité dans les pays côtiers avoisinants. Les autorités des trois pays, soutenues par leurs partenaires étrangers, ont fait de gros efforts pour arrêter l’avancée des insurgés. Mais leurs efforts n’ont pas suffi, pas davantage que les tentatives visant à améliorer la protection et à atténuer les conflits autour des ressources naturelles dans le parc et aux alentours. Les trois pays devraient mieux coordonner leurs actions militaires et s’entendre sur une stratégie commune de protection des populations, passant, le cas échéant, par une offre de dialogue avec les insurgés. Ils devraient également envisager des réformes pour mieux gérer la compétition pour les ressources dans les environs du parc.

 

Le Parc W fait partie du complexe W-Arly-Pendjari (WAP), l’une des plus grandes aires protégées d’Afrique de l’Ouest, qui abrite des éléphants, des lions et d’autres espèces dont les habitats disparaissent progressivement ailleurs. Depuis ses débuts à l’époque coloniale, en 1937, l’effort de protection du Parc W a suscité des conflits entre les défenseurs de la nature, qui souhaitaient protéger un site précieux pour la biodiversité, et les habitants, qui considéraient le parc comme une zone de cultures, de chasse et de récolte de fourrage pour leur bétail. Les trois gouvernements qui se partagent la juridiction ont manqué d’argent et de main-d’œuvre pour préserver l’intégrité du parc. A partir des années 1970, des sécheresses récurrentes ont poussé les populations des zones arides du Sahel vers le pourtour du parc, alimentant la concurrence autour de l’accès à l’eau et aux pâturages.

 

Les jihadistes ont profité de ces griefs pour s’implanter. En 2018, deux groupes – la Katiba Ansarul Islam et la Katiba Serma – ont pénétré dans le parc et en ont quasiment pris le contrôle à la fin du mois d’août de la même année. Les insurgés ont utilisé différentes méthodes pour attirer de nouvelles recrues. Au début, ils ont recruté des brigands qui vivaient dans la forêt et des jeunes en difficulté. Avec le temps, ils ont tissé des liens avec des éleveurs qui, comme eux, vivent dans la brousse.

 

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