Suivi des avancées

Six mois après le Sommet de Pau

16 juillet 2020

A l’invitation du Président de la République Islamique de Mauritanie, Président en exercice du G5 Sahel, les Chefs d’État des pays membres du G5 Sahel et le Président de la République française se sont réunis le 30 juin 2020 à Nouakchott, en vue de faire le point sur la mise en œuvre de la feuille de route adoptée lors du Sommet de Pau (France), tenu le 13 janvier 2020, et d’évaluer la situation au Sahel, en présence du président du gouvernement espagnol, du président de la Commission de l’Union africaine et de la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie et avec la participation du président du Conseil européen, de la chancelière allemande, du président du Conseil italien et du Secrétaire général des Nations unies.

 

Ce sommet intervient 4 mois après le sixième sommet ordinaire du G5 Sahel qui s’est tenu le 25 février 2020 à Nouakchott. Six mois après le Sommet de Pau, la Coalition pour le Sahel est montée en puissance avec notamment l’organisation d’une première réunion ministérielle le 12 juin 2020 regroupant plus de 45 ministres des affaires étrangères.

 

Revenons sur quelques actions significatives menées au Sahel par les partenaires de la Coalition :

 

Pilier 1 : la lutte contre le terrorisme

La décision a été prise à Pau de porter un effort prioritaire sur la zone des « trois frontières » entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. La mobilisation des armées sahéliennes et de la force conjointe du G5 Sahel (FC-G5), avec l’appui de Barkhane, a été renforcée via :

  • L’opérationnalisation du mécanisme de commandement conjoint facilitant la coordination entre l’action de la FC-G5 et de la force Barkhane dans la zone des « trois frontières » ;
  • Le redéploiement des forces armées dans leurs postes, comme à Labbézanga au Mali ;
  • La mobilisation des pays européens dans le cadre de la task force Takuba qui va permettre un engagement de forces spéciales européennes en accompagnement des forces armées nationales. Huit pays européens doivent y participer : la France, l’Estonie, la Suède, la République Tchèque, la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas et le Portugal.

L’Afrique s‘est par ailleurs réengagée aux côtés des pays sahéliens : l’Union africaine apporte son soutien financier à la FC-G5 et a annoncé le déploiement d’une force  de 3 000 hommes ; la CEDEAO et l’UEMOA se sont engagés à financer un plan anti-terroriste de 2,3 milliards de dollars US.

 

Pilier 2 : le renforcement des capacités des forces armées des Etats de la région

Plusieurs efforts d’équipements et de formation ont permis de renforcer les capacités des forces armées sahéliennes et de la FC-G5 :

  • La réalisation de la première tranche du soutien financier de l’Union européenne dans le cadre de la Facilité africaine de paix (FAP) à hauteur de 100 M€ et en faveur de l’équipement de la FC-G5, opéré par Expertise France : livraison d’équipements (notamment des véhicules blindés et radios) et chantiers de construction de postes de commandement. Une deuxième tranche d’appui à hauteur de 138 M€, dont 100 M€ d’équipements militaires, fournis entre l’été 2020 et fin 2021 permettra aux pays du G5 Sahel d’assumer progressivement leur propre sécurité. Exemple de la construction du nouveau poste de commandement de la FC-G5 à Sénou, appuyé par la MINUSMA.
  • Le mandat de la mission militaire de formation et de conseil stratégique de l’Union européenne (EUTM Mali) a été renforcé en mars 2020 (accompagnement des troupes formées jusqu’au niveau tactique) notamment avec l’extension des activités de la mission à l’ensemble des pays du G5 Sahel, avec une priorité donnée au Burkina Faso et au Niger. Malgré la pandémie, certaines formations délivrées dans ce cadre ont eu lieu.

 

Pilier 3 : le soutien au retour de l’Etat et de ses administrations sur l’ensemble du territoire

Les progrès enregistrés dans la lutte contre le terrorisme, fruit des opérations militaires menées sur le terrain, ne sauraient produire d’effets durables sans la restauration du lien entre les populations les plus fragilisées des pays du G5 Sahel et leurs autorités. Les partenaires de la Coalition concentrent ainsi leurs efforts sur :

  • le renforcement des forces de sécurité intérieure et leur rapprochement avec les populations, dans les zones impactées par les crises ;
  • la consolidation des capacités opérationnelles et judiciaires en matière de lutte contre le terrorisme, la criminalité et les trafics ;
  • le retour de l’administration territoriale et le soutien aux collectivités locales afin de contribuer à davantage de stabilité.

Quelques exemples d’avancées :

  • Le 28 juin 2020, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté le renouvellement de mandat de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) pour un an. Recentrée sur le Nord et le centre du Mali, elle joue un rôle stabilisateur décisif dans le centre. Exemple d’actions à Mopti, Mali.
  • L’Union européenne s’est engagée à financer une équipe conjointe d’investigation contre le terrorisme au Niger à hauteur de 4,5 M€ via le fonds fiduciaire d’urgence. Elle a pour but la judiciarisation des exactions perpétrées par les groupes armés terroristes et la lutte contre toute forme d’impunité. Cette action s’inscrit dans une démarche globale d’appui au retour de l’Etat qui bénéficie de nouveaux financements à hauteur de 112 M€ (sur les 194 M€ supplémentaires annoncés lors de la visioconférence du 28 avril 2020 entre l’UE et les pays du G5).
  • Les missions civiles de l’Union européenne (EUCAP Sahel Niger et Mali), continuent d’appuyer le redéploiement effectif de l’Etat et de ses représentants (forces de sécurité intérieure, administration territoriale, justice, services publics, etc.) dans le but de renouer contact avec les populations. Au Centre du Mali, dans des territoires menacés par les groupes armés terroristes, l’implantation de pôles  sécurisés de développement et de gouvernance (PSDG) contribue précisément à cet objectif. Exemple à Ségou, Mali.

 

Pilier 4 : l’aide au développement

Les membres de l’Alliance Sahel, en étroite coordination avec le Secrétariat exécutif du G5 Sahel (SE-G5), se mobilisent à ce jour autour de plus de 800 projets représentant un total de 11,6 Mds€.

Ils financent plus particulièrement des projets du Programme de Développement d’Urgence (PDU) du G5 Sahel dans les régions les plus fragiles, à hauteur de 266 M€.

Deux grands événements ont marqué les 6 derniers mois :

  • Le 25 février 2020 à Nouakchott, la première Assemblée générale de l’Alliance Sahel, présidée par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères français, M. Jean-Yves Le Drian, a été l’occasion de réunir les membres de l’Alliance Sahel pour définir les grandes orientations, insuffler une nouvelle dynamique à cette initiative et acter un engagement accru sur les zones fragiles.
  • Le 24 juin 2020, le comité de pilotage opérationnel de l’Alliance Sahel qui s’est déroulé en présence du SE-G5 a permis de concrétiser le concept d’approche territoriale intégrée adopté lors de l’Assemblée générale. Cette approche vise, pour les partenaires techniques et financiers, à apporter une réponse cohérente aux multiples facteurs de crise et de violence au Sahel. Elle définit des territoires cibles, un diagnostic partagé et des modalités de mise en œuvre adaptées au contexte de crise.

En outre ce comité a souligné la très large mobilisation des partenaires à la riposte contre le COVID19 : près de 800M€ ont été alloués en moins de 3 mois (dont plus de 200M€ sont de nouveaux financements), concentrés sur la dimension sanitaire de la crise et en soutien aux plans de relance économique. L’Union européenne, avec l’appui du Danemark et de la France, a par ailleurs soutenu la mise en place d’un pont aérien humanitaire afin de favoriser l’acheminement de l’aide, fortement contraint par la crise sanitaire mondiale : deux vols avec le Burkina Faso ont eu lieu les 24 et 25 juin 2020. Au total, ces vols ont permis d’acheminer 23 tonnes d’aide humanitaire et le déploiement de personnels humanitaires au Burkina Faso.